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Sud-Ouest Cameroun: Une Entreprise Américaine Accusée de Pillage Forestier

September 6, 2012
Source
Journal du Cameroun

Le rapport publié par Oakland Institute et Greenpeace, incrimine l’entreprise américaine Herakles Farms liée au géant du capital-investissement Blackstone

 

Palmiers à huile
Globalement, le rapport révèle comment Herakles Farms, une entreprise agro-industrielle new-yorkaise et sa filiale locale Sg Sustainable Oils Cameroon (Sgsoc) ont conclu des accords fonciers contestables au regard de la législation camerounaise fortement dénoncés par les populations locales depuis 2010. Cette entreprise vient de se retirer du processus de certification durable de l’industrie de l’huile de palme, informent les auteurs du rapport. D’après eux, Herakles Farms, envisage d’aménager au Sud-ouest du Cameroun une plantation de palmiers à huile sur 73 000 hectares – l’une des plus grandes du continent africain – grâce à un bail emphytéotique de 99 ans. De nombreuses communautés locales n’ont pas été véritablement consultées ou n’ont pas donné leur consentement. Ce projet illustre à quel point l’accaparement des terres en Afrique menace le développement durable et les droits humains. Le documentaire The Herakles Debacle produit par l’Oakland Institute, montre l’ampleur de l’opposition communautaire au projet mais aussi la déforestation massive qui en résulterait si l’exploitation devait voir le jour, accusent Oakland Institute et Greenpeace. D’après ces deux structures, Bruce Wrobel, le PDG d’Herakles, tente grossièrement de camoufler son projet derrière un masque vert. En réalité, ce qu’il cherche à dissimuler c’est le refus de l’opinion et les doutes quant à la légalité du contrat conclu avec le gouvernement. Les activités de son entreprise ont démarré au mépris de la législation nationale et des normes internationales. Mais les citoyens ne sont pas dupes. Ils ne se laissent pas impressionner par des promesses d’emplois et de constructions d’infrastructures. Au contraire, ils sont en colère et protestent contre la confiscation de leurs terres et de leurs ressources, affirme Frédéric Mousseau, auteur du rapport et directeur politique du Oakland Institute. On apprend que cette entreprise a négocié des conditions d’exploitation qui lui sont extrêmement favorables. Prix de location très bas et exemption de toutes taxes à l’exportation pour les 99 prochaines années, entre autres. Pour faire place aux palmiers à huile, il faudra déboiser une surface d’environ sept fois la taille de la ville de Paris, écrivent les experts.

 

Escroquerie
Si l’entreprise Herakles Farms avait vraiment l’intention de soutenir le développement et la protection de l’environnement, elle ne serait pas en train d’escroquer les camerounais avec ce contrat, qui fixe le prix de l’hectare entre 0,50 et 1,00 dollar/an. Elle ne serait pas en train de convertir une forêt tropicale, dont la valeur est inestimable, en plantation industrielle. Cette exploitation sera un désastre pour l’environnement et pour les communautés qui dépendent des forêts pour leur subsistance, déclare Frédéric Amiel, chargé de campagne Forêts auprès de Greenpeace France. Rappelons que Bruce Wrobel a créé une organisation non gouvernementale (Ong), All for Africa, qui d’après lui devrait permettre de réinvestir les revenus générés par l’huile de palme dans le financement de projets de développement à l’échelle locale. Cette ONG affirme avoir pour objectif, le reboisement mais ce qu’elle ne dit pas c’est que la forêt sera rasée pour aménager la future plantation. La perte de biodiversité et la conversion de forêt naturelle en monoculture seront désastreuses. Elle reste également muette sur la forte opposition que suscite le projet de plantation de palmiers à huile, aussi bien au niveau national qu’international, peut-on lire dans ce rapport. Le projet de plantation d’Herakles Farms au Cameroun est typique de la vague d’investissements fonciers en Afrique, phénomène déjà dénoncé à maintes reprises par l’Oakland Institute. Une fois de plus, de gros investisseurs tentent de nous faire croire que pour lutter contre la faim et la pauvreté, il faut raser les forêts et les petites exploitations. L’attention de la communauté internationale doit être mobilisée pour soutenir l’opposition des communautés locales et empêcher que leurs ressources soient accaparées, insiste Frédéric Mousseau. Pour ces experts, le projet d’Herakles Farms ne doit pas être mené à terme.