Socfin Dans le Viseur des ONG
La société holding du groupe de plantations de Vincent Bolloré est accusée de pratiquer des méthodes d’intimidation dans certains pays où elle est active. L'information, au Luxembourg, est relayée par l'ASTM. Socfin dément.
L’ASTM (Action solidarité tiers-monde) se fait le relais, ce lundi, d’accusations portées par «plusieurs organisations» envers les hommes d’affaires Vincent Bolloré et Hubert Fabri, concernant le groupe de plantations Socfin (Société financière des caoutchoucs, établie au Luxembourg, et dont la filiale, Socfinaf, est cotée en Bourse) et, plus spécifiquement ses activités en Sierra Leone.
Ainsi, Socfin Agricultural Company Sierra Leone Ltd. est-elle montrée du doigt pour avoir récemment intenté un procès en diffamation à l’encontre d’une ONG locale, Green Scenery, qui avait publié en mai 2011 un rapport qui faisait état, pêle-mêle, d’absence de compensation adéquate versée aux producteurs, mais aussi de corruption ou encore de pressions exercées sur les propriétaires terriens afin qu’ils signent des accords pour céder leurs terres.
Un rapport qui, aux dires de l’Oakland Institute (ONG spécialisée dans la traque des pratiques illégales en la matière), rejoint bon nombre de plaintes officielles déposées par les communautés locales à l’encontre de Socfin.
Expression solidaire
«Nous tenions à montrer notre solidarité avec les actions menées par les organisations sur place et avec l’Oakland Institute», explique Marc Keup (ASTM).
Contacté ce lundi par paperJam.lu, Luc Boedt, responsable des opérations de Socfin, a apporté une version différente des faits. «Le gouvernement de Sierra Leone, qui avait fait appel à nous en 2009, pour redynamiser la production locale, a organisé une réunion à la suite de la publication du rapport de Green Scenery. Il était ennuyé de la mauvaise publicité faite autour de son pays.»
Selon M. Boedt, cette réunion s’est tenue en présence de toutes les parties concernées et s’est déroulée dans un excellent état d’esprit. «Le ministre de la Justice a dit que notre société avait bien suivi les règles du jeu et a constaté un progrès social énorme dans la région. Nous employons plus de 1.000 personnes qui gagnent en un mois plus que ce qu’ils pourraient gagner ailleurs en une année.»
Le directeur des opérations de Socfin dément, en tous les cas, les propos de l’ONG indiquant que la société avait demandé à un tribunal sierra-léonais d’ordonner de présenter à ladite ONG des excuses et de verser des dommages et intérêts. «Simplement, à partir du moment où nous avons été accusés, nous nous estimons dans notre droit de demander à une autorité judiciaire locale indépendante de se prononcer sur la question et de rendre un avis neutre.»
À noter que ce n’est pas la première fois que le groupe est cité dans ce type d'affaires. En 2011, une autre entité, Socfinasia, avait été accusé de violer les droits de l’Homme au Cambodge, ce qui avait amené à une interpellation parlementaire du ministre de l’Économie de l’époque, Jeannot Krecké, par les deux députés verts Henri Kox et Felix Braz.