Les Papous Gagnent une Bataille Contre les Forestiers
Caroline Taïx
Des communautés de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont remporté leur première bataille : elles vont pouvoir récupérer leurs terres après la décision de la Cour suprême d’invalider des baux très controversés accordés à des entreprises étrangères. Environ un tiers de ce pays, situé entre l’Indonésie et l’Australie, est entre les mains d’intérêts étrangers, principalement des compagnies d’exploitation forestière, selon l’ONG Oakland Institute, basée aux Etats-Unis.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée abrite la troisième forêt tropicale du monde après celles d’Amazonie et du bassin du Congo. Mais ce pays a doublé en 2014 la Malaisie pour devenir le premier exportateur mondial de bois tropicaux. Un rapport de l’université de Papouasie-Nouvelle-Guinée publié en 2015 a montré que 4,1 % de la forêt a été déboisée entre 2002 et 2014. Le pourcentage monte à 7,3 % dans les forêts accessibles aux entreprises d’exploitation forestière et atteint 9,1 % dans l’île de Manus. Les auteurs s’inquiètent pour la biodiversité exceptionnelle du pays : celui-ci concentre 5 % des espèces animales et végétales du monde. On y trouve par exemple 924 des quelque 18 000 espèces de papillons dans le monde. Les chercheurs soulignent aussi l’importance de ce puits de carbone face au réchauffement climatique.
Prix très élevé
Pour Frédéric Mousseau, de l’Oakland Institute, « les populations locales paient un prix très élevé ». La Papouasie-Nouvelle-Guinée se situe en queue du classement mondial de l’indice de développement humain et environ 85 % de ses habitants vivent en zone rurale. « Ils dépendent très largement de la forêt pour leur nourriture, le bois et les plantes médicinales. La forêt joue également un rôle majeur au niveau culturel et social pour la grande majorité de la population », explique-t-il au Monde.