La Société civile en campagne pour contrer l’accaparement des terres par les multinationales
La société civile du monde entier se rassemble dans le cadre de la campagne « Nos terres, Notre Business », pour dénoncer les classements Doing Business et Benchmarking the Business of Agriculture de la Banque mondiale.
La campagne, soutenue par plus de 235 organisations, organisera des évènements de « résistance créative » à l’occasion des réunions annuelles de la Banque à Washington DC et dans neuf autres viles à travers le monde.
A Kinshasa, c’est sous le thème national « Notre terre c’est notre super marché, pas d’indicateurs aliénants sur son exploitation » que les organisations de la Société civile environnementale de la RDC à l’initiative de l’Ong CEDEN (Cercle pour la Défense de l’Environnement) organisent une série d’activité dont notamment la sensibilisation des professionnels de medias et autre Ong et la publication d’un communiqué de presse.
L’objectif étant celui de synchroniser ses activités avec celles qui sont menées à travers le monde et surtout celles des 10 et 11 octobre à Washington DC (siège de la Banque mondiale), un message à cette institution financière internationale que le monde n’acceptera pas ses pratiques abusives.
Sous la bannière « World vs Bank », ce mouvement appelle à la fin du classement Doing Business et du nouveau projet Benchmarking the Business of Agriculture de la Banque mondiale. Il s’agit d’outils pro-business, anti-pauvres et qui soutiennent un modèle de développement non durable. Si la Banque tient à promouvoir des activités économiques qui détruisent la biodiversité et les moyens de subsistance des paysans, des éleveurs et des communautés autochtones, elle ne devrait pas avoir mandat à exister, a affirmé AlnoorLadha de l’organisation internationale The Rules.
Les prêts de la Banque mondiale aux pays en développement ont atteint 35 milliards de dollars en 2012. Les classements Doing Business ont une influence cruciale sur les politiques de développement dans le monde entier. La Banque mondiale elle-même les décrit comme « un catalyseur incomparable pour la mise en place de réformes économiques ». Dans la pratique, cela s’est traduit par la libéralisation des économies des pays en développement pour que les entreprises des pays riches puissent librement y opérer et y réaliser de grands investissements fonciers. Les victimes sont les paysans, qui nourrissent actuellement 80% du monde en développement, mais sont de plus en plus souvent marginalisés et dépossédés de leurs terres par les politiques gouvernementales.
En parallèle de la mobilisation « World vs Bank », l’Oakland Institute, un Think-tank réputé sur les questions d’accès à la terre, publie une nouvelle étude pour dénoncer les politiques de la Banque mondiale concernant la terre, l’agriculture et le développement : Les mythes de la Banque mondiale sur l’agriculture et le développement (www.ourlandourbusiness.org).
En outre, l’institut publiera six nouvelles études de cas exposant les réformes promues par la Banque mondiale au Kenya, en Ouganda, en RDC, au Laos, au Cambodge et en Uruguay. Dans chacun de ces pays, les politiques de la Banque ont servi de catalyseur pour l’accaparement massif des terres, la dépossession et l’expulsion de nombreux agriculteurs.
« Les politiques de la Banque mondiale sont en toile de fond de la plupart des accaparements de terres récents. Elles permettent aux investisseurs d’initier des projets en promettant monts et merveilles aux communautés, qui ne voient que très rarement ces promesses se réaliser. Nous pouvons lutter contre chaque entreprise et chaque société d’investissement, mais il serait plus efficace que la Banque mondiale cesse d’utiliser son immense pouvoir politique et financier pour faciliter l’exploitation systématique des ressources et des personnes », a déclaré Anuradha Mittal de l’Oakland Institute.
Théodore Ngangu/MMC