De l’abus au pouvoir : mettre fin à la conservation-forteresse en République démocratique du Congo
A group of Indigenous Mbuti net hunters in the Okapi Wildlife Reserve © FAO/Thomas Nicolon
Dans un nouveau rapport, De l’abus au pouvoir : mettre fin à la conservation-forteresse en République démocratique du Congo, l’Oakland Institute expose les liens profonds et contre-intuitifs entre la conservation et l’extraction des ressources naturelles et les abus envers les peuples autochtones dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis plusieurs décennies, la conservation de la nature dans le pays donne lieu à l’accaparement des terres et à la violence contre les communautés autochtones. Le gouvernement et les ONG n’ont pas su répondre au problème à ce jour. Les mesures prises ces dernières années, telles que la formation, la mise en place de mécanismes de plainte, et les garanties sociales, sont inadéquates compte tenu de la nature systémique des problèmes du modèle actuel de conservation-forteresse.
Le rapport détaille comment les forces de sécurité et les écogardes impliqués dans la « protection de l’environnement » et les ONG de protection de la nature qui gèrent certains parcs nationaux, comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) et la Wildlife Conservation Society (WCS), sont responsables de violences et d’atrocités horribles commises contre les communautés autochtones. Les militaires et écogardes responsables de ces crimes jouissent de l’impunité malgré le financement fourni par les gouvernements allemand et américain pour leur matériel et leur formation.
Les communautés autochtones de la RDC cherchent depuis des années à obtenir justice en vain en déposant des plaintes devant les tribunaux nationaux. Les membres de la communauté Batwa expulsés du parc national de Kahuzi-Biega ont porté l’affaire devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, alléguant que la violence, les viols, les meurtres et les incendies criminels étaient des crimes contre l’humanité dont leur peuple est victime. En juillet 2024, la Commission africaine a reconnu les droits des Batwa sur leurs terres et a ordonné au gouvernement de la RDC de restituer les terres à leurs propriétaires légitimes, de les indemniser et d’assurer leur pleine protection.
Cover photo: A group of Indigenous Mbuti net hunters in the Okapi Wildlife Reserve © FAO/Thomas Nicolon