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Coronavirus : au Nicaragua, les violences se multiplient contre les Indigènes

April 30, 2020
Source
Le Monde

L’ONG Oakland Institue accuse le président Daniel Ortega de profiter de la pandémie pour accélérer l’invasion par les colons des territoires des communautés autochtones.

Par Nicolas Bourcier

La dernière attaque connue remonte au 26 mars. Ce jour-là, deux membres d’une communauté indigène mayangna installée sur le territoire tuahka, dans le nord-est du Nicaragua, dans la réserve biosphère Bosawas, la plus grande forêt tropicale d’Amérique après l’Amazonie, sont abattus au cours d’un raid surprise de colons et d’éleveurs de bétail. Le lendemain, un jeune homme du peuple miskito et un autre Mayangna tombent à leur tour sous les balles. Le 16 février, c’était une adolescente miskito qui était sévèrement touchée d’un tir à la tête. Et le 29 janvier, un groupe de plus de quatre-vingt hommes en armes achevaient quatre Alal dans leur communauté située à quelques kilomètres de là. Une liste macabre à laquelle est encore venue s’ajouter une dizaine de disparus après l’attaque.

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Les violences n’ont cessé de se multiplier ces dernières années contre les communautés indigènes au Nicaragua, du fait des invasions des « colons » hispanophones à la recherche de terres fertiles à vil prix, riches aussi en bois tropicaux et en or. Mais elles se sont largement accrues ces derniers mois, en pleine crise du Covid-19. Le nombre d’assassinats a quasi doublé par rapport aux années précédentes. « La pandémie agit comme un écran de fumée, s’inquiète Lottie Cunningham, avocate et fondatrice du Centre pour la justice et les droits de l’homme de la côte Atlantique nicaraguayenne (Cejudhcan). Comme si le gouvernement et les autorités locales, qui soutiennent en sous-main les colons, cherchaient à profiter du virus pour masquer les invasions des terres indigènes dont l’accélération devient dramatique. »