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CAMEROUN: Des Activistes Crient Victoire Comme Herakles Suspend ses Opérations

June 1, 2013
Source
IPS

WASHINGTON, 1 juin (IPS) – Après avoir été critiquée par des organisations de défense de l’environnement et de la justice sociale pour les violations des lois sur la protection des terres, 'Herakles Farms', une entreprise agricole basée à New York, a suspendu un grand projet controversé de production d’huile de palme au Cameroun.

Cette annonce vient après que le gouvernement camerounais a ordonné à l'entreprise d’arrêter ses opérations, affirmant que le projet n'avait pas obtenu les autorisations nécessaires. Les critiques des projets d’Herakles au Cameroun célèbrent la décision comme une victoire pour la puissance de l'activisme de la communauté locale, bien que cette suspension soit actuellement considérée comme étant simplement temporaire.

"Les gens sur le terrain fêtent, et la suspension est perçue comme une reconnaissance de ce que le ministère [des Forêts] défend ce qui est juste", a indiqué à IPS, Anuradha Mittal, directrice exécutive de 'Oakland Institute', un groupe de veille américain qui a suivi le projet de 'Herakles Farms' au Cameroun pendant des années.

"En effet, ce que cela montre, c'est que ce sont les communautés sur le terrain qui rendront les gouvernements honorables – et c'est ce à quoi la démocratie est censée ressembler. Cela envoie un message fort selon lequel les pays africains sont ouverts aux affaires, mais qu’ils ne sont pas ouverts au vol".

Dans un accord signé en 2009, le gouvernement camerounais avait autorisé une filiale de 'Herakles Farms' à développer plus de 73.000 hectares de terre pour de nouvelles plantations de palmiers à huile. Une grande partie de cette région forestière aurait été déjà défrichée, et l'entreprise affirme qu'elle transporte actuellement des plants vers les zones de plantation à partir des pépinières.

Pourtant, les ONG locales ont de plus en plus accusé 'Herakles Farms' d'ignorer les préoccupations des communautés et de ne s’être pas conformée à la fois aux décisions de justice et à une injonction du gouvernement. La décision de l’entreprise de suspendre les opérations vient aujourd’hui à la suite d’un arrêté pris à la mi-avril par le ministère des Forêts exigeant que l'entreprise stoppe une exploitation forestière dans le sud-ouest du Cameroun.

Une demande de commentaire auprès d’Herakles le 24 mai n'a pas reçu de réponse dans les délais.

Des responsables du ministère disent qu’Herakles n'a pas réussi à obtenir deux autorisations requises, avec le ministre des Forêts, Ngole Philip Ngwesse, notant le 23 mai que les précédents accords entre l’entreprise et le gouvernement ne "dispensent" pas Herakles de suivre la "procédure légale".

Ngwesse a affirmé que son bureau a été forcé d'agir suite à des plaintes déposées par des communautés locales. L'autorisation de reprendre les opérations repose désormais sur une "déclaration d'utilité publique", selon le ministère.

En annonçant la suspension des travaux, Herakles a déclaré qu'elle "a toujours respecté et respectera pleinement de manière transparente les règlements du gouvernement en vigueur" et qu'elle "espère comprendre et appliquer ces mesures" prises par le ministère. Soulignant que près de 700 employés impliqués dans le projet pourraient être désormais mis au chômage technique ou licenciés, Herakles a indiqué qu'elle "trouve ces événements particulièrement tragiques".

Nécessité de "sauvegarder la réputation"Toutefois, selon Mittal, des preuves nouvellement publiées sur les opérations internes d’Herakles indiquent qu’avancer pourrait être compliqué pour l'entreprise, qui affirme avoir investi quelque 350 millions de dollars dans le projet du Cameroun.

"Etant donné les autres preuves que nous avons au sujet de la mauvaise gestion de l'entreprise, il sera intéressant de voir comment exactement ils décident de gérer cela", dit-elle.

"Après tout, cela pourrait maintenant saper un plan d'affaires mal conçu. Si vous pensez que vous allez entrer dans un pays africain et procéder comme vous voulez pour vous faire un peu d'argent rapidement, il s'avère désormais que vous êtes dépassés – et il n'y a aucun moyen de résoudre ce problème rapidement".

Il y a une semaine, 'Oakland Institute' et 'Greenpeace International' ont conjointement publié un rapport soulignant de grandes disparités entre la façon dont Herakles présentait ses projets du Cameroun aux investisseurs et aux consommateurs et les impacts environnementaux et sociaux sur le terrain.

Au cœur du problème, se trouve la présentation du projet du Cameroun par Herakles d'une manière qui soulignait sa prétendue durabilité environnementale et son impact bénéfique pour les communautés locales – l'entreprise a même commencé son propre groupe de développement, appelé 'Tout pour l'Afrique'. Pourtant, des documents internes figurant dans le rapport montrent maintenant que les responsables d’Herakles étaient au courant des failles juridiques dans l'investissement.

Un message électronique échangé entre les dirigeants de l'entreprise qualifiait la situation de gestion au Cameroun de "pathétique" avec un "bureau grossièrement en sureffectif" et encourageait "l'approbation formelle du gouvernement pour la concession de terres". Ce message électronique prévenait également que la situation au Cameroun devrait être corrigée "pour sauvegarder les investissements et la réputation d’Herakles".

"Ce qui est vraiment unique par rapport à cette [situation], c’est le tissu de mensonges et de tromperies", a expliqué aux journalistes, il y a une semaine, Samel Ngiuffo, directeur du Centre pour l'environnement et le développement, une ONG camerounaise. "Ce n'est pas seulement aux consommateurs… c'est aux investisseurs et au gouvernement camerounais".

La première de ces allégations est qu’Herakles, malgré les dénégations du contraire, a commencé à défricher la forêt et développer des pépinières de palmiers avant l'obtention des certificats requis par la loi camerounaise. Selon le rapport, certaines preuves indiquent que les projets sont en violation de ces lois depuis 2010.

Herakles a également vanté le potentiel d'emploi du projet. Le site internet de l'entreprise, par exemple, indique que la société a développé un "plan de dotation en personnel et travaillera en étroite collaboration avec les chefs de village pour identifier et former les candidats et embaucher le plus grand nombre possible de demandeurs d'emploi".