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Tanzanie : Une Transaction Foncière Perd un Partenaire-clé, mais les Communautés sont Encore Menacées d’Expulsion

April 16, 2012
Source
Agro Radio Hebdo

Une compagnie d’énergie américaine est sur le point d’obtenir un bail de 99 ans sur plus de 320 000 hectares de terres, dans l’ouest de la Tanzanie. La compagnie, AgriSol Energy, propose un investissement sur dix ans dans la région de Kigoma. Elle entend développer une vaste étendue de terres pour la culture à grande échelle, ainsi que la production de biocarburants et l’élevage animal. Mais, à cause de la pression internationale, l’accord a désormais perdu un partenaire essentiel, l’Université d’État de l’Iowa.

Selon AgriSol, l’objectif de ce projet était de « mettre en place un nouveau modèle de partenariat public / privé / académique qui allie l’agriculture commerciale à grande échelle aux autorités locales des programmes de sensibilisation et de sous-traitance pour les propriétaires de terre à petite échelle. » M. Iddi Simba est le président du Serengeti Advisers, une entreprise d’investissement tanzanienne qui travaille avec AgriSol. Il dit : « Nous allons travailler avec les entreprises publiques et privées pour développer et élargir les marchés locaux et améliorer la distribution alimentaire dans le pays. »

Mais le terrain en question sert de zone de réinstallation pour les réfugiés burundais depuis 1972. C’est là qu’habitent plus de 160 000 personnes et que se trouvent leurs fermes. Il faudrait que la région soit évacuée avant qu’AgriSol ne puisse utiliser les terres pour l’agriculture. Lorsque l’Institut Oakland s’est rendu compte de cette situation, en 2011, il y a eu un tollé international et le système d’accaparement de terres a été dénoncé. AgriSol et ses partenaires subissent une pression considérable, et leurs activités font l’objet d’un examen attentif.

Anuradha Mittal est la directrice générale de l’Institut Oakland. Elle dit : « Cette terre nourrit de nombreuses familles. Le projet de grande agriculture commerciale est mécanisé : il ne créera pas d’emplois pour ces petits exploitants agricoles… Au mieux, certains pourraient devenir métayers, d’autres pourraient, tout au plus, travailler sur des plantations. Mais cela va les placer en situation d’insécurité alimentaire. »

En février, l’Université d’État de l’Iowa a annoncé qu’elle avait abandonné son rôle de conseiller agricole pour le projet. L’Université s’était impliquée dans ce partenariat dans le but d’aider les petits agriculteurs. Mais elle a dit qu’elle n’arrivait plus à justifier son rôle dans ce projet africain et son partenariat avec AgriSol.

Babu Pascal Steven est à la tête du département des jeunes de la Kigoma Vijana Development Association. Il gérait un projet pour les jeunes dans le domaine agricole, mais il a cessé cette activité suite à un manque de financement. M. Steven dit que Kigoma a beaucoup de ressources naturelles et a été envahi, ces dernières années, par des investisseurs qui font signer des ententes sans la participation des habitants. Il poursuit : « Nous aussi, nous en avons été informés à travers les médias et le Parlement. Sinon, nous n’étions au courant de rien. »

Selon l’Institut Oakland, l’activisme universitaire et médiatique a joué un rôle dans le changement de décision de l’Université. Mme Mittal dit : « J’espère sincèrement que nous pourrons maintenir la pression et obtenir justice. » Mais pour l’instant, AgriSol a l’intention de poursuivre ses plans.

Pour en savoir plus sur cette question et lire d’autres articles sur les problématiques foncières en Tanzanie, veuillez visitez:
http://farmlandgrab.org/cat/show/62 (en anglais seulement)
http://www.tanzanialandportal.org/ (en anglais seulement)

Pour plus d’informations sur cette histoire (en anglais seulement) :
http://www.oaklandinstitute.org/land-deal-brief-eight-myths-and-facts-about-agrisol-energy-tanzania
http://www.oaklandinstitute.org/iowa-school-calls-it-quits-plantation-style-land-grab-tanzania
http://pambazuka.org/en/category/features/79967
http://www.slateafrique.com/83643/tanzanie-terres-accaparement-investissement-universites-americaines (en français)